Il existe deux écoles de pensée concernant la position de la tête en style libre : ceux qui disent qu'elle doit être relevée pour vous permettre de regarder vers l'avant et ceux qui disent que ce n'est absolument pas le cas. Voici l'article qui fait autorité en la matière.

La position de la tête relevée est l'une des erreurs les plus courantes en style libre.
Ce problème postural est généralement lié à la direction frontale normale du regard : en effet, il n'est pas dans la nature humaine de se déplacer sans regarder dans la direction où l'on se déplace. Lorsque nous nageons en nage libre, il est donc naturel d'essayer de regarder vers l'avant et, pour ce faire, nous devons lever la tête. Ce "vice" affecte aussi bien les nageurs qui s'entraînent en piscine pour des courses en bassin que ceux qui s'entraînent pour des courses en eau libre, y compris les triathlètes.

La natation en piscine implique des habitudes posturales dictées par les risques du milieu environnant : lorsqu'il y a beaucoup de monde dans le couloir, il est inévitable de lever la tête pour voir où l'on va, pour éviter quelqu'un, pour dépasser quelqu'un d'autre, ou pour ne pas perdre son sillage si l'on fait un travail de groupe.
D'autres raisons peuvent être liées à un manque de confiance et de calme dans l'eau, ou à la conviction que garder le regard vers l'avant et la tête levée est précisément la bonne posture à adopter en eau libre. En fait, le fait de garder la tête à l'horizontale donne souvent l'impression de "tomber", comme si nous ne pouvions pas maîtriser l'équilibre de notre corps. Par conséquent, comme nous ne trouvons pas de réponse solide avec l'appui de nos mains sur l'eau (puisqu'elles appuient sur un liquide), nous avons tendance à lever la tête, ce qui réduit l'efficacité des deux premières phases du coup d'eau (appui et traction), neutralisant presque complètement la phase de poussée !

Une fois les raisons et les justifications identifiées, nous passons aux conséquences.
Nager en regardant vers l'avant est similaire à marcher en regardant vers le haut : dans les deux cas, le soulèvement de la tête a des répercussions drastiques sur la posture. En effet, la tête étant la partie la plus lourde du corps humain, son déplacement sur l'axe médian lors de la nage de style affecte à la fois la posture et le mouvement vers l'avant.

Plus précisément, lorsque nous soulevons la tête en nageant en style libre, il arrive que:

• son poids affecte la zone lombaire qui a tendance à entrer en hyperlordose, ce qui entraîne une "désactivation" de la paroi abdominale ;
• le bassin a tendance à s'enfoncer et, pour équilibrer cet enfoncement, les jambes interviennent, mais souvent en "mode terre", c'est-à-dire avec le genou trop plié et la cheville trop raide : un mode qui n'est pas très efficace dans l'eau

L'effet domino déclenché dégénère en une boucle qui conduit à une rigidité de tout le quart supérieur du corps (région du cou, des épaules, du haut du dos), avec des conséquences sur la respiration, le blocage des omoplates, le roulis (quasi nul), l'articulation de l'épaule et des douleurs dans la région des trapèzes.

Chaque nageur a besoin d'un parcours personnalisé, bien sûr, mais nous pouvons dire que dans la plupart des cas, un équilibre de poids différent est nécessaire. Ainsi, lorsque nous nageons en nage libre, nous devons adopter la même dynamique terrestre (tête de la verticale à l'horizontale) et l'adapter à l'eau. 

Comment pouvons-nous changer la posture de la tête de la verticale à l'horizontale ? Comment éradiquer cette habitude ?
En se donnant des ordres qui mettent l'accent sur l'effet recherché plutôt que sur la correction du geste lui-même (ce qui serait trop théorique). Ainsi, on peut s'attacher, par exemple, à regarder la ligne du bas (au lieu de se dire simplement "baissez la tête").

En mer ou en lac (ou ailleurs qui n'est pas carrelé et délimité), les repères sont à rechercher en dehors de la surface de l'eau, tels que des bouées ou des marques sur la terre ferme facilement reconnaissables depuis le niveau de l'eau et correspondant à la route à suivre (maisons colorées, arbres, détails dans le sol...). Ils sont identifiés en levant les yeux au-dessus de la surface de l'eau.
Le simple fait de regarder vers l'avant mais sous l'eau évite un contact désagréable avec ceux qui se trouvent devant, mais comme il n'y a pas de repères dans les piscines (ligne noire sous l'eau, couloirs, carreaux...), maintenir constamment cette position de la tête serait inutile et néfaste. Il est donc nécessaire d'acquérir et d'entraîner des compétences permettant de relever partiellement la tête (seulement les yeux, en fait) pour le strict minimum nécessaire à l'identification des repères (un ou deux coups de pagaie, pas nécessairement consécutifs) et, le cas échéant, à l'ajustement de la trajectoire à suivre.

Deux considérations finales
Il n'existe malheureusement pas de formation officielle sur la technique de nage et les entraîneurs ont souvent des avis divergents à ce sujet. Souvent donc, la recherche et le développement d'une biomécanique correcte passent au second plan et la recherche de la performance par un entraînement conditionnel et des volumes qui laissent peu de place à la technique l'emporte. Cela se produit malheureusement à tous les niveaux, de l'amateur à l'élite.